Exposition "D'un monde à l'autre" 

Photographies de Gisèle Didi et Thierry Vasseur

 

Du 5 juillet au 21 septembre 2014 


Abbaye de Corbigny 
8 rue de l'abbaye, 58800 Corbigny (Nièvre/Bourgogne) 


Tous les jours du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 18h30 
Le dimanche et les jours fériés de 10h à 12h 

Renseignements :
wwwsub-yu.fr 
03 45 80 91 91 - 06 12 82 61 49 
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

 


Deux personnalités se rencontrent ici dans un face à face tonique et pétillant. D’un côté, le feu d’artifice aux couleurs saturées de Thierry Vasseur est dans la lignée du pop art. De l’autre, le silence narratif des portraits intimistes de Gisèle Didi ouvre à un univers du quotidien et de l’étrangeté. Quotidien et étrangeté constituent finalement les deux facettes du réel qui nous est livré par le regard sélectif de l’artiste comme autant de fragments représentatifs et cependant uniques de l’humanité.Les deux artistes ont conçu cette exposition comme un face à face entre leur deux univers qui se côtoient dans la réalité quotidienne. Ils présentent leurs pratique individuelle dans un jeu de réponse, de va et vient de l’un à l’autre. Chaque pièce des caves proposera une ambiance différente.
Les œuvres aux couleurs fluorescentes  de Thierry Vasseur sont habitées par une présence féminine autant caricaturale qu’anonyme et attractive. La femme est reine dans ce royaume conçue par celui là même qui a fait rêver des millions de lecteurs en concevant les couvertures sensuelles de la série de polards SAS pendant plusieurs années.Nous rencontrons donc ici un habitué de la manipulation des codes de l’imagerie populaire de la « littérature de gare » associant polar et érotisme.Ce dernier manipule avec délectation tant la prise de vue photographique elle-même que sa transfiguration par le montage et la retouche d’image numérique. Le résultat est acidulé, les couleurs saisissantes. L’artiste propose entre autres encadrements et contre collages sur plexis des  « diasecs ». Il s’agit d’une technique bien particulière qui réifie l’image et son sujet à la suite de transformations successives. Ces dernières n’entretiennent plus avec leur référent qu’un lointain accrochage de l’ordre de l’empreinte, conformément à la nature du médium. Elles n’en sont plus cependant qu’une évocation évanescente et déjà onirique. L’image excède la nature du médium photographique dans son exubérance. Le discours semble intarissable, à l’image de la saturation iconique qui est le quotidien de notre société de l’image actuelle. L’invasion de notre inconscient et la sur stimulation de notre imaginaire par ses images intrusives est bien réel, il agit comme un déferlement.
La réponse de Gisèle ne se fait pas attendre, elle est celle de la femme artiste qui partage la vie de Thierry Vasseur. Elle propose ainsi son droit de réponse à cette vision de la femme par la série «  Oui, je peux être décorative », sous titrée les aventures de Pénélope.L’univers de Gisèle est narratif et psychologique. Une iconographie sobre et intimiste nous livre de façon inattendu l’envers des choses, et surtout des personnes. Un angle de vu décalée, un cadrage déplacé crée l’étrangeté et caractérise un regard qui nous renvoie à un discours d’ordre émotionnel bien ancré dans la réalité et son authenticité tout en lui conférant une dimension poétique.Gisèle pratique comme une évidence l’autoportrait, elle nous livre avec distance un regard sur elle-même en tant que sujet extérieur. La portraitiste, à travers son image, nous parle de l’humanité en se jouant des codes de la pose photographique.Ses images sont le résultat d’une dynamique d’observation utilisant son corps comme prétexte à faire image plutôt qu’une expression de soit d’ordre narcissique.Dans l’exposition, les artistes occuperont les différentes alcôves des caves. Le spectateur sera en proie à « une stimulation qui arrive de tous côtés ».Les vidéos seront associées aux projections colorées et aux photographies proprement dites qui prendront différentes formes.
Un terrain d’activité artistique commun sera également présenté avec la signature DIVA : une abréviation de leurs noms respectifs. Il s’agit d’un regard croisé sur leurs pratiques respectives lors de voyages réalisés ensemble : « Ce qui réunit ce projet c’est l’idée du voyage, du parcours, et qu’à cette occasion, chacun relève des éléments qui lui sont propre, élabore une lecture de l’environnement qui lui est personnelle. »Le vocabulaire est plutôt urbain, il procède ainsi d’une mémoire collective au-delà de l’exotisme apparent généré par l’énonciation de noms tels que Patagonie, Chine, Chili, Sri Lanka…
Dans cette exposition, les artistes nous emmènent en voyage au gré d’un parcours singulier et détonnant au sein des caves de l’Abbaye de Corbigny, un lieu unique pour l’espace d’expression et d’exposition de l’art actuel qu’il constitue dans un écrin patrimoniale de toute beauté.

Julie Morlon, avril 2014