Thierry Vasseur - COMICS et ROBOTS

« Barbarella, garde tes bottin’s»

« Aujourd’hui, on ne peut bien parler du présent qu’au futur » Claude Ecken.
Quel vacarme ! Pow ! Zowie ! Braaak ! Le Joker est ravi. L’homme chauve-souris contre-attaque. Space patrol arrive sur les lieux. 
- Yonezawa, t’es mort !
- Où sommes nous ?
- Barbarella, Barbarella, si tu reviens tout ira bien. 
1970. 7h40, Tom se réveille. Son Mécano n’est pas terminé. L’adolescent regarde le robot qui n’a pas de bras. Mais les robots ont-ils besoin de bras ? R2-D2 n’en a pas, mais ça on ne le sait pas encore. Cinq minutes supplémentaires au fond du lit. L’école se dessine au loin, mais il ne veut plus y aller. Il est aux commandes d’un super vaisseau, il file dans la galaxie bleue, il vire, il attaque, il envoie sur les météorites un déluge de lasers fulgurants. 
- Allo, la république terrienne, je serai de retour dans 30 secondes.
Le répit est terminé, ici il n’y a que trois dimensions et 24 heures. Tom jette un coup d’œil à l’exemplaire de Strange aux pieds de son lit. Des rayons cosmiques sortent des mains du Surfer d’Argent. Le mois prochain c’est Iron Man qui casse la baraque dans un nouveau costume rouge et or.  En chemin, il se regarde dans le reflet d’une vitrine. Il porte un blue-jean et un sweat gris, il se sent petit quand tout est grand autour de lui. La vie n’est pas un voyage fantastique, Westworld est loin d’ici…. Un médecin lui a dit : « ne t’inquiète pas, en l’an 2000 des ordinateurs seront capables de s’exprimer à notre place ». Il aura 42 ans. Il rêve d’un monde meilleur, d’un paysage urbain saturé de voitures volantes ultrarapides, de robots bienveillants au mental infaillible, de ciels mandarines et de rayons verts.
Les rues devant lui déroulent un asphalte glissant. Brutalement il est stoppé par le son pop rock de Space Oddity qui s’échappe du juke-box d’un bar. À la croisée des rues, Tom cale sa voix sur celle de Bowie : « I think my spaceship knows which way to go… ». La pluie tombe goûte à goûte, le goût du carambar se dilue tout doucement sous la langue. « The stars look very different today ». Lorsque, vers le ciel, il lève son regard, il voit entre les cheminées un petit engin chromé qui tourne en rond comme une toupie.  Il marche le nez en l’air Tom ; il n’aime que l’espace, l’obscurité étoilé qui promet des lendemains fantastiques. Il ne voit pas le collège, il ignore ses camarades qui, le cartable sur le dos, rentrent en se bousculant dans le bâtiment en brique. Il continue son chemin sous l’averse, il suit la soucoupe qui change de couleurs dans les nuages. Elle prend de la vitesse. Tom se met à courir, mais il perd de vue l’étrange astronef. Tom allonge sa course, la flaque d’eau le frappe au visage, il s’écroule à l’angle d’un boulevard. Il voit encore la lumière extraordinaire du vaisseau clignoter, là, tout près de lui, comme un œil vigilant qui l’observe. Tom tend la main. Cet engin supersonique a-t-il des bras pour l’aider à se relever ? A-t-il en lui quelque chose de vivant, un cœur battant pour le comprendre ? Il est 8h30 du matin et la nuit subitement tombe. La soucoupe semble sourire, Tom se lève et la pluie a cessé. Dans un silence bleu céruléen, le toit en coupole se soulève. Tom prends place à l’intérieur.
- Bienvenue Major Tom, je m’appelle Klaatu.
Sans bruit, le tableau de bord s’illumine. Sur l’hémisphère intérieur, un hologramme apparaît. Tom ne sait pas ce que c’est. Le regard presque vivant d’un humanoïde le dévisage, longtemps comme le regard d’un enfant qui découvre l’océan. 
- Major Tom, nous irons là où tes rêves te porteront, mais tu devras m’apprendre qui tu es.
Tom ferme les yeux très fort et toute la galaxie autour de lui se met à tourner. La Lune est loin derrière lui, Apollo 11 a déjà aluni tandis qu’il continue plus rapide qu’un éclair à travers les nébuleuses diffuses. Les supernovae percent l’obscurité de leur explosion spectaculaire et Tom ouvre la bouche pour crier. 
- Major Tom, es-tu prêt à m’accompagner pour un voyage sans retour ?
Ils se perdent dans l’espace-temps.
- Waouh !
- Dois-je comprendre que c’est « oui », Major Tom ?
Tom se sent bizarre. Il est devenu un super-héros et son imagination est une arme du tonnerre. Un pouvoir sans limites le propulse aux confins de l’univers, au-delà du temps, là où l’humanité fait place à l’obscurité. 
- Major Tom c’est à toi de couper les circuits qui nous relient au contrôle terrien.
Munit d’une force nouvelle, Tom arrache les câbles de commandes et il tombe. Le vertige insensé du fantasme fait de lui un homme doué de toutes les capacités cognitives de l’humain couplées à la technologie la plus avancée du XXIe siècle. Il va et il rencontre en chemin une femme vêtue d’or et d’argent qui l’accompagne à cheval sur une super comète. Elle sourit, armée juqu’aux dents. Elle mime avec les lèvres, depuis son étoile à huit rayons jusqu’au vaisseau de Tom : « je suis là pour te défendre, viens avec moi. » Tom la poursuit pendant plusieurs décennies. Elle est souvent nue, elle fait des « bull’s et des wip », elle se débat contre les aliens de la galaxie bleue. Elle est beaucoup plus qu’une femme de comic strips, elle est un corps céleste qu’il peut regarder en trois et même en quatre dimensions lorsqu’un trou noir les envoie au septième ciel. Tom n’est plus un enfant depuis des années lumières.
Sommeil cosmique, soleil extragalactique et goût sucré du caramel. La terre se rapproche. Mais l’être humain nouveau qui la peuple n’est pas complètement le même qu’en partant. Il n’est plus tout à fait un homme, il est presque un robot. Des écrans géants diffusent en boucle la voix faussement douce d’un GA (gentil avatar). Des robots sans tête se poursuivent dans les rues en aboyant. Le collège n’est plus un bâtiment de pierre, c’est une tour de verre étroite qui perce la stratosphère vers les étoiles, les bruits de la ville ne sont plus qu’un son électrique relayé par les voix modulables des réplicants asservis. 
Tom se retourne vers Klaatu, avec sur son visage un sourire qui dit l’inquiétude. Il lui demande : « Est-ce que tu penses que l’on mérite ça ? ».
Klaatu crache à ses pieds un drôle d’appareil photo avec un écran dessus.
- Major Tom, tu es le témoin d’un monde qui n’existe pas encore. Fais attention, le futur n’a pas toujours le visage d’Astro Boy,  Ohgon Bat risque de nous mettre KO !
Prénom : Thierry
Nom : Vasseur
Alias : Tom as Major Tom…
Fanny Lasserre


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